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L'école du marécage

Un alignement   C’était en décembre 2022. Le Maire de Marignane écrivait au ministre de l’éducation nationale Pap Ndiaye, sollicitant la possibilité d’instaurer le port de l’uniforme pour les élèves de sa commune. Il ajoutait la demande d’une cérémonie hebdomadaire de lever de drapeau accompagné du chant de La Marseillaise. Un mois plus tard, en janvier 2023, Madame Macron se déclarait favorable au port de l’uniforme à l’école. Quelques jours auparavant le Rassemblement national avait porté cette même proposition devant l’ Assemblée nationale, reprenant un projet de loi formulé par le parti Les Républicains. Chacune de ces séquences éclaire les petits calculs politiques qui les animent, mais, au bout du compte, ce qui transparaît est bien que se retrouvent en convergence et alignés, le Rassemblement national, Reconquête, Les Républicains, le ministre de l’intérieur, d’autres membres du gouvernement ou du parti Renaissance et, manifestement, le président de la République.   On pourrait

A l'école du syndrome de l'échec programmé.

   Chacun connaît Pygmalion, dans la mythologie grecque, sculpteur de Galatée, une statue représentant une femme si belle qu’il en tombe amoureux. Aphrodite lui donne vie, permettant ainsi à Pygmalion de l’épouser. L’effet Pygmalion, en psychologie, est une prophétie autoréalisatrice. Le jugement porté par une personne extérieure est de nature à faire advenir la prophétie, en l’occurrence positive. Le fait qu’un tiers, membre du cercle du sujet, parent, entraîneur, professeur, ou encore supérieur hiérarchique, collègues, collectif..., exprime sa croyance dans les capacités du sujet est de nature à favoriser et accroître ses chances de réussir. En pédagogie, l’effet Pygmalion a été mis en exergue par l’expérience conduite par Rosenthal et Jacobson, en 1962 (1) . Elle démontrait que les attentes des professeurs ont une influence sur la réussite des élèves. On connaît moins le principe inverse de l’effet Pygmalion, l’effet Golem. Il fait référence à un autre mythe, cette fois issu de la m

Ce que le pacte enseignant nous dit de l'école. Et du reste.

  Pour le ministère de l’éducation nationale la revalorisation des enseignants passe par ce qu’il a nommé le « pacte enseignant ». Un pacte est une « convention », un « accord ». Or, si accord il doit y avoir, il s’agira d’un « accord contraint ». Le cadre budgétaire posé par le ministère n’est pas à la hauteur de la revalorisation légitime et nécessaire. Les principes qui fondent ce pacte et les intentions qu’il dévoile ne laissent espérer ni bénéfices décisifs pour les élèves, ni réponse aux besoins des enseignants, s’apparentant plutôt à une ultime humiliation. L’exécutif fait le pari que le processus de dégradation du pouvoir d’achat des professeurs, tel qu’engagé depuis quinze ans, est de nature à leur faire accepter le conditionnement d’une revalorisation qui, en fait, n’en n’est pas une. Aux professeurs qui s’étaient entendu promettre une revalorisation générale et « inconditionnelle d’environ 10 % » , la promesse est à présent celle de tâches supplémentaires rémunérées, potenti